Connaissez-vous les Spins Farms?

Pratiquée dans certains pays d’Europe depuis de nombreuses années, de plus en plus populaire au Canada et aux États-Unis, cette forme d’agriculture urbaine est peu répandue au Québec. Elle consiste à utiliser, ou à transformer, un terrain résidentiel afin de produire commercialement des plantes comestibles, le plus généralement des légumes.

Connue sous le nom de spin(S-mall P-lot IN-tensive) farm, cette pratique n’a pas de traduction officielle. On peut lui donner le nom d’exploitation agricole sur une très petite surface.

Partiellement ou totalement transformé, l’espace résidentiel devient alors une mini-microferme. Les objectifs du propriétaire sont de se nourrir, et aussi de vendre ou partager la grande majorité des récoltes dans la communauté.

L’exploitation horticole sur une très petite surface peut faire sur une façade, dans une cour arrière, sur un grand balcon, une terrasse, ou un toit et même à l’intérieur.

 

Un revenu potentiel

Plusieurs projets ont démontré que, selon les conditions, la partie non bâtie d’un terrain résidentiel de 200 à 300 mètres carrés peut générer un revenu annuel situé entre 1 500 et 5 000 $. Les produits horticoles sont vendus dans un circuit court. Idéalement sur un marché fermier ou encore par vente directe.

 

L’acceptabilité sociale

Comme, par définition, une exploitation agricole sur une très petite surface est installée dans une zone résidentielle, elle ne fait pas d’emblée l’objet d’un consensus citoyen. C’est particulièrement le cas quand la façade est cultivée. Les voisins, notamment dans les quartiers les plus aisés, peuvent s’opposer à une telle pratique. L’acceptabilité sociale d’un tel projet doit donc être bien évaluée avant d’en autoriser l’usage.

 

Une exploitation agricole sur une très petite surface… communautaire

Dans le cas d’un désert alimentaire, autoriser une exploitation agricole sur une très petite surface résidentielle dont les récoltes sont mises à la disposition de la communauté (après une contribution modeste) est une solution envisageable. Les propriétaires qui acceptent ce genre d’arrangement exercent une certaine surveillance, ce qui peut éviter des problèmes de vandalisme.

 

Autres productions et autres lieux

Si, jusqu’à maintenant, les projets ont surtout permis la production de légumes, il est possible d’envisager d’autres cultures. C’est le cas des fruitiers (arbres et arbustes) de la production de miel, de l’élevage de petits animaux, etc.

La transformation du toit d’un édifice public, commercial ou industriel (dans certains cas avec une serre) en exploitation horticole s’inscrit dans cette démarche.

 

L’enjeu du changement d’usage

Dans une vaste majorité des cas, le plan et les règlements d’urbanisme n’autorisent pas des activités commerciales dans une zone à usage résidentielle. Ce changement d’usage représente un enjeu.

La plupart des municipalités permettent ou tolèrent des opérations commerciales de petite envergure (coiffure, cours de chant, services professionnels, etc.) dans des résidences. Pourquoi pas la production de plantes comestibles. Quand la situation se présentera, elles devront déterminer si elles souhaitent interdire, tolérer ou supporter ce type d’agriculture urbaine.

La manière dont les plantes comestibles sont vendues (vente directe, marché fermier, etc.) devrait aussi être prise en considération. Par exemple une vente directe pourrait avoir des conséquences sur les allées et venues et le stationnement à certaines heures dans le quartier.

Afin de limiter les problèmes reliés à l’acceptabilité sociale, une réglementation municipale devrait être adoptée afin de baliser cette nouvelle pratique. De tels changements pourraient aussi être affectés par des lois et règlements agricoles en vigueur.

 

Pour aller plus loin

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2 Commentaires

  • C. Tremblay

    Bonjour, dans un contexte où tout citoyen peut se lancer dans ce type de production, qui contrôle s’il y a présence de contaminants dans le sol (métaux lourds, hydrocarbures, etc.)?

    Répondre
    • Blogueur

      C’est la municiplaité qui contrôle. Elle peut par exemple exiger une analyse de sol pour les contaminants. En général, dans les municiplaités on connaît les espaces contaminés ou pas grâce à l’historique des transactions. L’administration municipale peut donc adapter la réglementation. Il est aussi possible de cultiver hors-sol en cas de doute.

      Répondre

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