Le Jardin botanique de Montréal doit conserver son âme

La singularité du Jardin botanique de Montréal est-elle menacée? Sans hésitation, la réponse est oui. En fusionnant (c’est bien le mot) les quatre institutions (Jardin botanique, Biodôme, Insectarium et Planétarium), en dégommant les directeurs et en créant trois « divisions » : Collections et recherche, Programmes publics et éducation, et Exploitation, selon moi, on vient d’enlever son essence, son âme, sa nature propre à chaque institution. Inadmissible!

Voilà plus de 35 ans que je fréquente le Jardin botanique de Montréal. À une certaine époque de ma vie, j’y allais une fois par semaine lors de la belle saison. Je peux même dire, sans me tromper, que s’il y a maintenant plus de 85 ans, des visionnaires n’avaient pas créé ce jardin, devenu un joyau international, l’horticulture ornementale et comestible ne serait pas développée comme elles ont pu le faire. Grâce à leur dynamisme, directeurs et horticulteurs ont, à leur manière, supporté toute une industrie. Des milliers d’emplois ont été créés. Des millions de Québécoises et de Québécois se sont approprié leur espace extérieur, à la fois pour l’embellir, mais aussi pour lutter contre les îlots de chaleur, capter du carbone, protéger l’environnement, favoriser la biodiversité…

L’organigramme d’une institution influence-t-il son rayonnement? Absolument! Au cours des 35 dernières années, j’ai vu passer plusieurs directeurs à la tête du JBM (c’est comme cela qu’on le nomme entre nous). Plusieurs horticulteurs responsables des jardins sont devenus mes amis. J’ai pu constater l’effet que la relation entre la direction (toujours constituée de grands professionnels spécialisés dans le monde végétal) et les horticulteurs a eu sur la qualité aussi bien de l’entretien, de la profondeur des collections, que l’intensité des activités d’animation. Quand cette relation est harmonieuse, mais surtout basée sur la compréhension mutuelle des enjeux, le JBM prend une autre dimension. Quand la relation entre la direction et les horticulteurs est belle, une formidable énergie positive émane des jardins. Beauté, nouveauté, ouverture sur le monde sont au rendez-vous. C’est toute l’horticulture du Québec qui s’en ressent.

En ce qui me concerne, c’est la personnalité du directeur, et de l’équipe dont il s’entoure, qui fait toute la différence. Depuis des décennies, on y nomme des personnes d’expérience qui apportent leurs compétences, leur vision, leur passion. Je vois mal, en tout respect, comment une seule personne, même bien entourée, pourrait insuffler la bonne énergie à quatre institutions aux missions bien différentes. L’une a les deux pieds dans la terre alors qu’une autre a la tête dans les étoiles. Difficile à concilier.

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas quelqu’un qui vit dans le passé ou qui est réfractaire au changement. Bien au contraire! Pourtant, dans ce dossier, je crois fermement que supprimer la fonction de directeur au Jardin botanique de Montréal est une erreur monumentale, qui n’a rien à voir avec un quelconque ajustement à la modernité, mais qui aura des répercussions sur le rayonnement horticole et environnemental de l’institution. Ses mandats de recherche, de formation, d’éducation populaire, et surtout, son influence internationale seront aussi touchés de plein fouet. Moderniser pour le mieux, oui! Procéder à des changements sans en évaluer les impacts négatifs à court, moyen et long terme, non!

La direction d’Espace pour la vie et l’administration Coderre devraient surseoir à leur projet et présenter à la population, pas seulement montréalaise, les impacts positifs et négatifs de leurs décisions. Loin des phrases creuses rapportées dans La Presse par le journaliste Patrick Lagacé. C’est une question de transparence! Et notre belle et grande institution le mérite amplement!

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1 Commentaire

  • Isabelle Dupras

    Bien d’accord avec vous Bertrand! Quelle action collective pouvons-nous poser afin de manifester nos préoccupations?

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